The Flowers of Evil
SPLEEN (II)
Souvenirs?
More than if I had lived a thousand years!
No chest of drawers crammed with documents,
love-letters, wedding-invitations, wills,
a lock of someone's hair rolled up in a deed,
hides so many secrets as my brain.
This branching catacombs, this pyramid
contains more corpses than the potter's field:
I am a graveyard that the moon abhors,
where long worms like regrets come out to feed
most ravenously on my dearest dead.
I am an old boudoir where a rack of gowns,
perfumed by withered roses, rots to dust;
where only faint pastels and pale Bouchers
inhale the scent of long-unstoppered flasks.
Nothing is slower than the limping days
when under the heavy weather of the years
Boredom, the fruit of glum indifference,
gains the dimension of eternity . . .
Hereafter, mortal clay, you are no more
than a rock encircled by a nameless dread,
an ancient sphinx omitted from the map,
forgotten by the world, and whose fierce moods
sing only to the rays of setting suns.
(Les Fleurs du Mal in a translation by Richard Howard 1982, The Harvester Press Limited, published 1987 Picador Classics, London.)
Les Fleurs Du Mal
SPLEEN (II)
J'ai plus de souvenirs que si j'avais mille ans.
Un gros meuble à tiroirs encombré de bilans,
De vers, de billets doux, de procès, de romances,
Avec de lourds cheveux roulés dans des quittances,
Cache moins de secrets que mon triste cerveau.
C'est une pyramide, un immense caveau,
Qui contient plus de morts que la fosse commune.
- Je suis un cimetière abhorré de la lune,
Où comme des remords se traînent de longs vers
Qui s'acharnent toujours sur mes morts les plus chers.
Je suis un vieux boudoir plein de roses fanées,
Où gît tout un fouillis de modes surannées,
Où les pastels plaintifs et les pâles Boucher,
Seuls, respirent l'odeur d'un flacon débouché.
Rien n'égale en longueur les boiteuses journées,
Quand sous les lourds flocons des neigeuses années,
L'ennui, fruit de la morne incuriosité,
Prend les proportions de l'immortalité,
- Désormais tu n'es plus, ô matière vivante!
Qu'un granit entouré d'une vague épouvante,
Assoupi dans le fond d'un Saharah brumeux;
Un vieux sphinx ignoré du monde insoucieux,
Oublié sur la carte, et dont l'humeur farouche
Ne chante qu'aux rayons du soleil qui se couche.
Charles Baudelaire (1821-1867)
photo Pokeweed 2011: grethe bachmann
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